Elle disait encore : dans cette ville que j'aime, avec les gens que j'aime, je suis devenue celle que je suis. Qu'est-ce à dire ? Seraient-ce les palmiers ? Les odeurs ? La théorie des bleus ?
L'excitation due au climat ? Les panoramas qui sans cesse nous sont offerts sans être obligés de
monter aux terrasses des buildings ? Elle tournoyait, embrassant tout cela et riant.
Découvrir une ville c'est la parcourir à pied, en tous sens, en prendre la mesure en toute saison,
l'arpenter des jours durant, avide de s'y situer, de voir comme elle nous sied,
telle une robe qui s'enlace aux chevilles. Il faut y danser solitairement, y prendre peur,
en éprouver l'horreur. Il faut la défendre et la combattre.
On peut dans un premier temps ne pas rencontrer ses habitants.
"A la fermeture on leur indiqua un bistrot ouvert au Cours Saleya. Ils hésitèrent à cinq heures entre un poulet basquaise et un grand crème avec des croissants. Ils achetèrent Nice-Matin
et lurent un article sur les nuits chaudes au Jardin Albert 1er et au square Jean Lorrain :
"Homos et camés". Il leur sembla presque avoir manqué la ville. Alors ils se rappelèrent que
Nice est une préfecture, comme n'importe quelle sous-préfecture." Nice 1973